Kylian Palisson dans le rôle de Bastien © 2024 Janaka Samarakoon pour artworks.city
Kylian Palisson dans le rôle de Bastien © 2024 Janaka Samarakoon pour artworks.city

Cet été, j’ai eu le privilège de me lancer dans un projet atypique…

Mon ami écrivain Jacques Pioch m’avait proposé, le printemps dernier, la captation d’une lecture théâtrale. Pour cette aventure, nous avions recruté un jeune comédien originaire de la région parisienne, Kylian Palisson. 

Le jour J, Kylian a pris le TGV à la gare de Lyon, tandis que je quittais la Baie des Anges à bord de ma fidèle Skoda, tous deux convergeant vers Aniane (Hérault), haut lieu de l’ordre bénédictin à l’époque carolingienne, où se trouve la vaste propriété de l’écrivain.

Tandis que Jacques dirigeait son comédien, je préparais notre futur plateau de tournage. Plateau improvisé, certes ; plateau amateur, aussi, mais ingénieux néanmoins : deux caméras, trois éclairages et quatre micros suspendus à même le plafond par un savant jeu de bricolage élémentaire… Et à l’arrivée, un ensemble retro-futuriste assez cohérent pour accueillir un comédien, un metteur en scène et un cameraman / réalisateur pour trois jours de tournage.

L’intelligence du jeu a définitivement masqué les limites de la captation et, sur ce canapé de récupération, campé en plein milieu de cette ancienne cave à vin, — quatre murs en pierre, érigés dans le pur jus languedocien et théâtre, il y a encore 3 décennies, d’une intense vie paysanne, — un miracle s’est produit. 

La lecture à la table, initialement prévue, s’est peu à peu transformée en une « lecture-performance » à l’aide d’un téléprompteur, épaulé par des éclairages supplémentaires, le tout dépêché à Aniane par le miracle d’Amazon ! Libéré de ses feuilles, qui le maintenaient à la table, le comédien, malgré au départ une certaine réticence, a rapidement fait preuve d’une aisance déconcertante dans la maîtrise de cette technique nouvelle.  Et toute la complexité de son jeu de se libérer et de se déployer dans l’espace certes réduit de notre plateau, confronté aux limites notamment du réalisateur / caméraman / éclairagiste qui n’avait que deux mains pour faire tourner cette machine…

Kylian Palisson dans le rôle de Bastien © 2024 Janaka Samarakoon pour artworks.city

L’intelligence du jeu a définitivement masqué les limites de la captation et, sur ce canapé de récupération, campé en plein milieu de cette ancienne cave à vin, — quatre murs en pierre, érigés dans le pur jus languedocien et théâtre, il y a encore 3 décennies, d’une intense vie paysanne, — un miracle s’est produit. 

Absorbés chacun dans nos fonctions respectives, nous n’avions pas, au moment du tournage, pleinement saisi la véritable métamorphose de l’apprenti comédien, qui, à travers un jeu aux mille nuances, passait allègrement du contemplatif au volcanique, s’appropriant pleinement le spectre de l’arc émotionnel concocté par l’écrivain… Il nous a fallu nous réunir quelques semaines plus tard, à la table de montage, pour le réaliser.

Nous pensons avoir rendu justice à l’immense talent de ce jeune comédien repéré aux cours Florent.

Voici donc le fruit de notre collaboration à six mains, livré à un rythme hebdomadaire. Cette semaine, découvrez le premier épisode.

– Janaka Samarakoon

Episode 1 : DE PASSAGE

Il serait vingt-deux heures un soir, avant de regagner sa chambre Bastian, jeune comédien, opère une halte dans le hall d’accueil de l’hôtel qui l’héberge, durant une tournée en province à Montpellier. Le jeune homme compose avec sa fatigue, se remémore quelques aventures du jour ou d’un passé plus lointain, s’invente des situations, des histoires.

L’humeur est voyageuse, la personnalité de Bastian se veut en fugue et en fantaisie. Ses amours, son métier, ses goûts, ses attractions ou dégoûts, défilent. Bastian voudrait être un séducteur, un habile parleur, un comédien accompli, ou bien tout simplement un gars moderne, aux moeurs libres et au coeur ouvert.

© 2024 Jacques Pioch

Episode 2 : DE PASSAGE

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