Louis Dollé et Maurice Maubert présentent en ce moment, au port de Nice, « Passatgin », une exposition de peintures, de sculptures, de dessins et d’instillations sur le thème du passage.

par Janaka Samarakoon pour artWorks! | 13/02/2021
« Passatgin », exposition de Louis Dollé et de Maurice Maubert à la Passerelle, Nice | Photo © 2021 Serendipity Studio pour artWorks!

« Passatgin » signifie en nissart le bateau qui navigue d’une rive à l’autre d’un port, et par extension, tout ce à quoi cette notion renvoie. Le voyage, non seulement géographique mais aussi mental, l’échange, la diversité…  « Passatgin », un agent de lien donc. Un passeur entre deux réalités spatio-temporelles ou entre deux états psychiques.

C’est un terme qui, à lui seul, incarne le passé cosmopolite de notre ville, cette terre d’accueil située au coeur d’un carrefour routier et maritime et née d’un impressionnant brassage de cultures. Nissa la Bella qui sourit à la Méditerranée se ressource auprès de l’immense réservoir de mythes qu’elle incarne. C’est à ce riche imaginaire que l’exposition « Passatgin » rend hommage : le bleu infini de la mer comme une provocante invitation à un ailleurs, l’horizon à portée de main et qui borde la frontière visuelle de la ville comme une métaphore des possibilités que la mer est à même d’offrir.

Si [l’]horizon demeure la destination, la barque serait le moyen de l’atteindre. Le bleu, l’irrésistible décor d’une odyssée personnelle et la figure du passeur, l’individu lancé à la poursuite de l’Idéal…

Si cet horizon demeure la destination, la barque serait le moyen de l’atteindre ; le bleu, l’irrésistible décor d’une odyssée personnelle et enfin la figure du passeur, l’individu lancé à la poursuite de l’Idéal… Voici les quatre piliers du dispositif narratif très cohérent de cette exposition ; il se lit comme un hymne à l’altérité qui sied en nous et qui représente sans doute la meilleure part de nous-mêmes.

Comme pour en accroître la portée symbolique, l’exposition s’installe sur la porte de la Méditerannée qu’est le quartier du port de Nice et, de plus, au sein des murs de la Passerelle (!), magnifique espace d’exposition géré par Emmanuelle Badibanga. La discrète gérante des lieux représente d’ailleurs l’autre élément incontournable de ce prodigieux manège à trois qui met sur pied cet ambitieux projet.

Interview croisée de Louis Dollé et de Maurice Maubert signée artWorks!.

MARE NOSTRUM


Je suis né sur un rivage.
A Nice, la terre et la mer se rejoignent.

Je suis un enfant de Méditerranée.

L’horizon me traverse. C’est le lieu naturel de mes dérives, l’espace réel et symbolique de mes contemplations. Depuis longtemps l’âme de cette mer « au milieu des terres » me nourrit et m’inspire. Les ports sont des portes.

La barque est le bateau primordial, le berceau maritime qui guide et porte en lui mes déambulations marines. Grâce à elle je voyage à travers le temps le long des rivages, dans l’ombre des oliviers. Les pieds sur la terre je regarde le ciel. je me baigne dans le parfum salin entre les roches grises.

Plus haut à l’intérieur des terres, j’écoute l’eau fraîche des torrents et le chant des grillons. De retour sur la berge les pêcheurs me parlent de vents, de vagues, de sards et de daurades. Les mouettes rient au dessus de nos têtes. L’odeur du thym dans l’air solaire.

Peu à peu vient la nuit, la lune, les étoiles. Je me perds, je te trouve.

Assis au bord du quai, nos talons martèlent la pierre.

© Maurice Maubert | Courtsey maurice-maubert.com

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