Agnès Jennepin, artiste-plasticienne niçoise, nous dévoile, en ce moment à la Galerie de Dominicains, trois de ses récentes séries. Dans cette vidéo, tournée dans le Vieux Nice, Agnès nous présente cette exposition malicieusement intitulée « À fleurs de peau ».

Parmi une pléthore d’œuvres minutieusement scénographiées, nous avons avons été d’emblée séduits par sa nouvelle série « All-over Flowers » que nous voyions pour la première fois. Comme directement prélevés aux robes de ses « Effrontées », l’objet d’une précédente exposition tenue à la Galerie Depardieu l’été 2020 (voir l’interview ci-dessous), ces « all-over » où les motifs floraux se répandent sur toute la surface picturale façon papier peint, est une véritable pluie de fraîcheur par ces torrides journées de canicule. La finesse du papier Wenzhou évoque, par sa texture, les pétales. Le traitement chromatique sur les deux faces, recto et verso, procure un aspect quasi organique à ses compositions qui, par là même,  gagnent en transparence et surimpression. A force de boire de la peinture, le papier acquiert une texture veinée qu’on aurait envie de qualifier de végétale. C’est fin, coloré, impressionniste et beau comme un tapis de fleur gisant sous un arbre fruitier un matin de printemps. Le tout non sans évoquer le thème de la Biennale de Nice qui inonde cet été les musées de la ville d’une déferlante de fleurs.

C’est fin, coloré, impressionniste et beau comme un tapis de fleur gisant sous un arbre fruitier un matin de printemps.

L’« organique » est d’ailleurs au cœur de cette exposition. La série des miniatures végétales sur carreaux de faïence, « Étrangetés botaniques », est à ce titre un exercice de style inédit et saisissant de la part de l’artiste. Toujours le même mot d’ordre cependant : effacement. Mais cette fois-ci, le protocole n’est pas mis au service de portraits de femmes, mais à celui de motifs végétaux — des roses et autres fleurs, figées à différents stades de leur cycle de vie. La technique si particulière qui consiste à effacer une couche épaisse de peinture à l’huile à l’aide de térébenthine fait resurgir des formes du fond de la surface recouverte de noir. Sous le pinceau d’Agnès qui, grâce au mordant chimique, enlève la matière, les sujets commencent donc à apparaître, comme s’ils étaient toujours là, tapis sous cet étang d’eaux dormantes qu’est le carreau de faïence opaque. Les éléments végétaux ainsi apparus évoluent dans un univers étrangement « biomorphe », sous les traits d’animaux plus ou moins imaginaires, hybrides. En filigrane, un bestiaire fantastique des plus énigmatiques à la Jérôme Bosch. Par le traitement, le format et la gamme chromatique, le travail évoque les plaques de gravure avant impression. Une série intimiste d’un archaïsme intemporel et familier qui parle tout de suite à notre imaginaire.

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