« Série noire » de Gabriel Martinez, artiste-photographe : au-delà du noir…

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Lancé dans une recherche plastique digne d’un Soulages, l’inventeur d’« outre-noir », Gabriel Martinez, artiste-photographe s’attache depuis 20 ans à la couleur obscure par excellence — est-ce une couleur…? — et aux infinis reflets qu’elle permet.

Mat ou brillant selon la surface appliquée et l’angle photographié, ici le noir n’est pas traité pour sa valeur chromatique intrinsèque mais pour la lumière qu’il révèle. Le « noir Martinez » est un agent révélateur ; en structurant, à travers la déclinaison des nuances et des aspects de la matière picturale, ce noir-là catalyse un jeu chromatique d’une richesse insoupçonnée.

Appliquée à même la peau de ses modèles, le noir modèle les corps, sculpte l’espace et sublime la matière : épiderme, poils et textures de peau qui font penser aux craquelures des toiles de maîtres anciens…

Bacchantes tout droit catapultées des limbes d’un temps immémorial, les modèles entièrement recouverts de peinture sont captés dans des élancements les plus éthérés, instants d’équilibre précaire en apesanteur, suspendus ici à jamais. La recherche du mouvement, minutieusement chorégraphié et ostensiblement mis en scène est proche de la « dance-theatre » d’une Pina Bauch (1940 – 2009) que le photographe admire, incitant ses modèles à en étudier le corpus. Des sculptures vivantes, des corps réduits à leur stricte essence plastique, des expressions faciales évoquant les masques du théâtre antique, le vocabulaire de Gabriel Martinez semble produire une danse rituelle où se mêlent mouvements, expressions et subtiles reflets de lumière. Un travail qui vous bousculera comme un pot de peinture jeté à la figure.