Conversations avec… Jean-Flavien Piquemal, photographe de rue

Étrange, pourquoi voler ce qui n’appartient à personne ? Et bien justement c’est cela le grand art, donner de la valeur aux choses qui n’en ont pas.

Texte de Albert Lemoine, photographe

On dit bien : Voler un sourire, c’est-à-dire le prendre au vol dans la nuée impalpable de tout ce qui nous échappe à l’instant. Et je peux vous dire que dans cette magnifique ville de Nice ensoleillée de toutes les teintes possibles, quand d’autres se promènent tenant à la main leurs catalogues touristiques surchargés de quadrichromies vulgaires, seuls quelques rares experts peuvent tomber amoureux du sourire des couleurs entre elles.

Et… Est-ce que cela s’apprend ? Oui, il y a de très bonnes écoles, les officielles et d’autres un peu moins académiques, surtout quand il s’agit d’enseigner à voler. Je suis persuadé que la maman du petit Jean-Flavien Piquemal, au sortir du nid pour son premier vol, l’a sûrement emmené au musée Chagall. Il y a découvert émerveillé parmi les anges le meilleur moyen d’attraper les couleurs. Mais c’est seulement plus tard, introduit à la cour des miracles, à Nice vous pouvez toujours la chercher, qu’il a compris de ses véritables maîtres les prouesses dont il pourrait un jour être capable. Par exemple dans la ville, les trois plus grands palaces d’un blanc immaculé, personne ne s’en est aperçu, leurs fabuleuses couleurs on les a tout simplement volées… Ah Ah ! Vous plaisantez. Pas du tout, d’ailleurs il faut bien qu’on les ait envoyées quelque part. Elles ne se sont pas évaporées. Regardez dans les photographies de Jean-Flavien, derrière les ombres énormes comme des navires échoués, parfois certaines discrètement s’échappent, à vous de les trouver.

Voir aussi : www.jfpiquemal.com

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